La Presse, lundi le 30 mai 2022
« Le sud du Québec manque d’eau », un titre d’article qui peut paraître surprenant au Québec, où depuis nombre d’années, nous prenons pour acquis que l’eau est en abondance et inépuisable. Certes, les changements climatiques sont en cause, mais il en va aussi de nos habitudes de consommation de cette ressource qui prend de plus en plus de valeur en se raréfiant.
Déjà, les gestionnaires des MRC réfléchissent sur la nécessité de se donner des réserves d’eau en aménageant les cours d’eau. À la fin des années 50, début 60, des opérations de redressement des cours d’eau ruraux ont changer le mode de circulation de l’eau en accélérant son écoulement. Toutefois, aujourd’hui nous assistons de plus en plus régulièrement, à des pluies plus réparties dans le temps mais avec des débits plus forts. Ce phénomène accélère l’érosion de nos cours d’eau entraînant ainsi des coûts d’entretien plus élevés. Les cours d’eau avec peu de débit ont tendance à s’assécher plus souvent, diminuant aussi l’humidité des sols et limitant la recharge des eaux souterraines.
L’idée de redonner des espaces de liberté et d’aménager des bassins de rétention à même ces cours d’eau devient de plus en plus pertinente et permettrait ainsi de créer des réservoirs qui se naturaliseraient avec le temps. Aussi, l’utilité des milieux humides n’est plus à démontrer. Pourtant, malgré la nouvelle Loi concernant la conservation des milieux humides et hydriques adoptée en 2017, 11,9 km2 ont obtenus une autorisation de destruction moyennant une compensation monétaire. Outre d’être des importants puits de carbone et de méthane, la valeur et l’utilité des milieux humides confirment la nécessité de les conserver afin contribuer au maintien de nos réserves d’eau. Actuellement, les MRC du Québec sont à élaborer leur Plan régional des milieux humides et hydriques afin de prioriser leurs actions pour protéger ces actifs essentiels à la qualité de nos milieux de vie et viser des objectifs de zéro perte nette. C’est un exercice auquel le COVABAR a participé avec chacune des MRC de notre territoire.
Oui, il y a encore beaucoup à faire, et nos gouvernements supérieurs, fédéral et provincial, devront moduler les règlementations en vigueur et prendre en compte les investissements nécessaires afin de soutenir les municipalités et les MRC dans cette recherche de solutions, ainsi que pour réaliser des actions concrètes vouées à la protection de cette ressource essentielle qu’est l’eau, tant pour notre économie que pour la sauvegarde de notre biodiversité. Ces actions demanderont de poursuivre des efforts de sensibilisation et nécessiteront une concertation soutenue des différents acteurs de l’eau, ce à quoi le COVABAR répondra présent!
Sylvain Lapointe, directeur général
COVABAR OBV Richelieu|zone Saint-Laurent