Règlement sur la vitesse des bateaux sur la rivière Richelieu
Depuis quelques semaines, le dossier de la vitesse des embarcations sur la rivière Richelieu est devenu un sujet d’actualité régionale qui a suscité de nombreuses réactions. D’abord, un bref historique. C’est en 2013 que la préoccupation pour la vitesse des embarcations est évoquée par le maire de Mont-Saint-Hilaire, M. Michel Gilbert, afin que les municipalités riveraines de la rivière Richelieu s’unissent pour entamer la démarche auprès de Transports Canada. Toutefois, devant la complexité du processus de règlementation, la demande est abandonnée.
En 2017, devant les nombreuses plaintes reçues et les problèmes d’érosion et de cohabitation des usagers, ainsi qu’avec la volonté de contribuer à la sauvegarde de l’habitat du chevalier cuivré, 4 municipalités riveraines, soit Saint-Charles-sur-Richelieu, Saint-Denis-sur-Richelieu, Saint‑Antoine-sur-Richelieu et Saint-Marc-sur-Richelieu s’unissent pour faire valoir leurs inquiétudes au député Xavier Barsalou-Duval. Ce dernier a pris en main le dossier en accompagnant les municipalités dans leur démarche dans ce long et fastidieux processus auprès de Transports Canada.
Le COVABAR a été associé à cette démarche, préoccupé par les effets de la circulation nautique sur l’habitat du chevalier cuivré et par l’état des berges dont le niveau d’érosion influence sur la qualité de l’eau de la rivière. Pêches et Océans Canada ont également interpellé leurs collègues de Transports Canada pour les informer des effets des vagues et du batillage sur l’habitat du chevalier cuivré, une espèce menacée spécifique à la rivière Richelieu.
En avril 2019, les 4 municipalités ont donc déposé à la Chambre des Communes leur demande de règlementation de la vitesse sur la rivière Richelieu. Ce long processus a abouti en juin 2021, par sa première lecture dans la Gazette officielle du Canada, où la limite de vitesse de 10 km/h était évoquée dans le projet de règlement. Une deuxième lecture, en octobre 2021, a suivi. C’est à la suite de cette publication, et dans la foulée de la demande de Transports Canada auprès des nouveaux maires élus, que la contestation est née, remettant en question la limite de vitesse annoncée.
Les nouveaux élus désirant plus de temps pour consulter et approfondir leurs connaissances du dossier ont demandé et obtenu un délai supplémentaire pour approuver l’adoption du règlement.
Or, certains plaisanciers et groupes d’intérêts privés s’opposent à cette démarche et demandent aux maires nouvellement élus des quatre municipalités de ne pas confirmer leur appui au projet, tel qu’exigé par le Conseil du Trésor, ce qui mettrait en péril le projet. Les différents groupes appuyant ou rejetant le règlement ont donc établi leur stratégie afin de faire entendre leur position.
C’est en ce sens que le COVABAR a accepté de se joindre à Fondation Rivières, au Conseil régional de l’environnement de la Montérégie et à l’Association des Riverains et Amis du Richelieu pour inviter les maires des 4 municipalités à adopter le règlement tel que proposé.
Le nouveau règlement limitera la vitesse des bateaux à propulsion mécanique et électrique à un maximum de 10 km/h. Il sera aussi interdit de tirer une personne sur tout équipement sportif ou récréatif et interdit « de surfer sur le sillage d’un bâtiment dans la partie visée de la rivière ». Actuellement, les services policiers ne disposent d’aucune réglementation leur permettant d’intervenir contre la vitesse excessive des embarcations.
Pêches et Océans Canada a émis un avis favorable au projet en soulignant que la vitesse excessive des embarcations et le batillage sont identifiés comme des causes importantes de la dégradation de l’habitat essentiel du chevalier cuivré, une espèce qu’on retrouve uniquement au Québec et dont la population est en voie de disparition.
Cette solution permettra de réduire considérablement l’érosion des berges, d’améliorer la clarté de l’eau, de contribuer à la tranquillité des riverains et d’assurer une meilleure sécurité nautique sur la rivière.
Le règlement sur la restriction de la vitesse sur la rivière Richelieu gagne en popularité et suscite l’approbation d’un nombre grandissant d’intervenants et de citoyens. Il faut rappeler qu’actuellement aucune règlementation ne permet de faciliter la cohabitation des multiples usagers sur la rivière Richelieu ou ne donne de pouvoirs aux services policiers pour intervenir concrètement et discipliner les usagers fautifs. La ville de Trois-Rivières est actuellement aussi en demande pour une règlementation semblable pour la rivière Saint-Maurice et d’autres villes du Québec observent attentivement l’évolution du dossier de la Richelieu. Transports Canada se doit de comprendre la réalité des activités sur nos cours d’eau et de permettre des règlementations adéquates pour une cohabitation et un usage sécuritaires de ces actifs collectifs que sont nos cours d’eau.
Finalement, le COVABAR salue l’initiative des conseillères et conseillers régionaux de la MRC de la Vallée-du-Richelieu qui ont adopté unanimement une résolution d’appui à la règlementation de la vitesse sur ce tronçon de la rivière Richelieu. Cette règlementation, dont on souhaite l’adoption, contribuera à la préservation de la qualité environnementale de la rivière qui est le site de prédilection du chevalier cuivré, une espèce menacée. Il faut retenir aussi que cette règlementation facilitera une cohabitation plus harmonieuse entre les différents usagers de la rivière en donnant des outils concrets aux services de police locaux pour discipliner les usagers fautifs. Actuellement, rien ne permet de limiter la vitesse sur la rivière et d’assurer une circulation sécuritaire.
Étant un organisme de concertation, il va de soi pour nous que ce dossier devait recevoir une attention régionale et c’est pourquoi nous saluons ce geste de la MRC de la Vallée-du-Richelieu qui n’a pas hésité à démontrer son leadership par l’adoption de cette résolution d’appui.
Nous souhaitons que les élus des 4 municipalités concernées sauront reconnaître le travail qui a été accompli par leurs prédécesseurs pour doter la rivière Richelieu d’une première règlementation qui contribuera à l’amélioration de l’environnement de toute la communauté et de ce magnifique cours d’eau.
Les vraies solutions en environnement n’arriveront que par le courage de nos décisions.
Sylvain Lapointe
Directeur général du COVABAR